L'épidémie mondiale d'obésité, qui touche plus d'un milliard de personnes, est en grande partie due à la consommation d'aliments ultra-transformés riches en sel, sucre et matières grasses. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ces choix alimentaires contribuent chaque année à environ huit millions de décès prématurés liés à des maladies comme le diabète et les maladies cardiaques. Pourtant, de nombreux gouvernements peinent à mettre en place des politiques pour freiner cette crise. Actuellement, seulement 43 des 194 États membres de l'OMS ont mis en place un étiquetage sur le devant des emballages, obligatoire ou volontaire, bien que des études montrent que ces étiquettes peuvent inciter les consommateurs à faire des choix plus sains.
Depuis 2019, l'OMS travaille sur des directives visant à aider les consommateurs à faire des choix alimentaires mieux informés. Les directives finales, attendues début 2025, recommandent des étiquettes "interprétatives" qui vont au-delà des informations nutritionnelles pour indiquer la santé d'un produit. Un exemple est NutriScore, utilisé dans certains pays européens, qui classe les produits de A (vert, riche en nutriments) à E (rouge, riche en sucres ajoutés, graisses ou calories). En Amérique latine, le Chili a mis en place un système plus strict, avec des étiquettes noires en forme de panneau stop sur les aliments riches en sucre, sel ou graisses, ce qui a conduit à des réductions significatives de la consommation de sucre, de sodium, de graisses saturées et de calories.
Cependant, l'étiquetage interprétatif a rencontré des résistances de l'industrie alimentaire, qui préfère les étiquettes "non interprétatives" qui mentionnent uniquement les valeurs nutritionnelles, laissant l’interprétation au consommateur. Lindsey Smith Taillie, co-directrice du Global Food Research Program, a souligné que ces étiquettes sont moins efficaces pour réduire la consommation d'aliments malsains. Elle a noté que les étiquettes d’avertissement du Chili, associées à des restrictions de marketing ciblant les enfants, ont entraîné une baisse des achats d’aliments riches en sucre, sodium et calories.
L'International Food and Beverage Alliance (IFBA), qui représente des entreprises telles que Coca-Cola et Mondelez, affirme que ses membres respectent les normes mondiales d'étiquetage nutritionnel et fournissent des informations nutritionnelles sur les emballages. Rocco Renaldi, secrétaire général de l’IFBA, suggère que bien que l'alliance soutienne les étiquettes basées sur les nutriments, les avertissements sanitaires pourraient induire en erreur pour les produits jugés sûrs par les régulateurs.
Bien que l’OMS voie un potentiel dans les étiquettes interprétatives, elle reconnaît qu'il faut davantage de recherches pour trouver le système le plus efficace. Avec des directives attendues début 2025, les défenseurs espèrent qu'un étiquetage clair pourra encourager les consommateurs à adopter des comportements plus sains et contribuer à réduire l'obésité et les maladies associées dans le monde.